Older people in psychiatric hospitals: still too many? A look back at an old refrain from the history of mental health.

Il y a trop de « vieillards » dans les hôpitaux psychiatriques ; la plupart n’y sont pas à leur place. Tel est le constat inlassablement répété depuis le XIXe siècle par les premiers aliénistes puis par leurs lointains successeurs, les psychiatres. Étonnamment immuable, le discours sur l’encombrement des services par les « séniles » résiste aux transformations des dispositifs institutionnels, à l’évolution des savoirs médicaux et plus généralement aux changements de contextes politiques, sociaux et économiques. Le but de cette intervention est de questionner son apparente évidence en le soumettant à l’épreuve des chiffres, notamment en questionnant les mouvements de populations au sein des asiles, et en sortant des murs de l’institution psychiatrique pour interroger la gestion de ces individus au sein d’autres types d’institutions. Au-delà des chiffres et des conflits de compétence, ce sont les défis de l’accueil des personnes âgées et les moyens qui y sont consacrés qu’il faut questionner pour saisir le poids qu’on reproche aux plus âgées de peser.

Marie Derrien est historienne, maîtresse de conférences à l'Université de Lille, membre de l'Institut de recherches historiques du Septentrion (UMR 8529) et de l'Institut universitaire de France. Ses recherches portent sur l'expérience des soignant.es, des patient.es et de leurs proches en psychiatrie, ainsi que sur les politiques et les dispositifs de prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux.