Le multimode pour mesurer la victimation : est-on dans la zone de sécurité ?
Presented by Tiaray Razafindranovona (Insee) ; discussant : Stéphane Legleye (Ined)
Pour répondre aux différents défis auxquels ils font face, les Instituts nationaux de
statistique envisagent d’introduire la collecte par Internet dans les processus de production des
enquêtes ménages. Le recours à Internet, comme mode complémentaire ou privilégié, offre a priori
de nombreux avantages (coût, réactivité, affichage d’une certaine modernité) mais pose de sérieuses
questions méthodologiques. Ainsi, avant de se lancer dans une généralisation de la collecte
multimode, l’Insee a programmé sur plusieurs années un plan d’expérimentations. L’enquête
« Vols, Violences et Sécurité » (VVS) est l’une de ces expérimentations, réalisée en 2013, en
parallèle de l’enquête de victimation « Cadre de Vie et Sécurité » (CVS), réalisée en face à face,
avec pour objectif, entre autres, de voir si les taux de victimation sont semblables selon les modes
de collecte. Cette convergence espérée n’est pas obtenue, et ce, même au prix de calages qui posent
question quant à leur applicabilité en production. Les écarts relèvent non pas des effets de mode
« purs », mais plutôt de la sélection non contrôlée : un protocole auto-administré échoue à faire
participer les personnes les moins intéressées par la thématique, ce qui induit un biais difficilement
corrigeable. Une illustration peut en être donnée en exploitant des paradonnées du versant Internet
de VVS. Ainsi, les différents constats condamnent de manière quasi définitive l’utilisation directe
d’un protocole auto-administré pour estimer les prévalences de victimation ; des investigations
complémentaires sont nécessaires pour déterminer la meilleure manière d’intégrer Internet dans la
collecte d’information sur la victimation.