Migrer pour investir? Une approche longitudinale des effets directs et indirects de la migration internationale sur les investissements au Sénégal
Discutante : Nelly Robin (Ceped)
L'idée que les migrants sont ou doivent être des acteurs
essentiels du développement de leur pays d'origine est l'un des
fondements des politiques de co-développement. L'objectif de cette
analyse est de tester cette idée dans un domaine particulier, celui
des investissements des migrants dans les secteurs de l'immobilier
et des « affaires ». Les données de l'enquête biographique du
projet MAFE-Sénégal sont mobilisées pour répondre à trois
questions. Premièrement, les migrants et les migrants de retour
ont-ils des probabilités d'investir au pays plus élevées que les
non-migrants ? Deuxièmement, la migration internationale
joue-t-elle un rôle d'ascenseur social pour les personnes qui ont
généralement des difficultés pour investir dans un bien foncier,
immobilier ou dans une affaire ? Enfin, troisièmement, les
personnes non-migrantes, restées au pays, sont-elles aidées par les
migrants pour réaliser leurs propres investissements ? Les
différentes analyses menées, qu'elles soient simplement
descriptives (bi-variées et transversales) ou plus sophistiquées
(multi-variées et longitudinales), conduisent aux mêmes résultats.
Un migrant, encore à l'étranger ou déjà rentré au pays, a deux fois
plus de chances d'investir dans l'immobilier qu'un non-migrant. Par
contre, tant qu'il est hors Sénégal, un migrant a deux fois moins
de chances d'investir dans une affaire qu'un non-migrant. C'est
après le retour que ce type d'investissement est réalisé. En outre,
il apparaît clairement que la migration gomme les inégalités en
matière d'investissements. En somme, la migration apparaît bien
comme un facilitateur d'investissement pour les migrants
eux-mêmes.