Living Conditions in French Colonial Africa (1880-1960)
Presented by : Denis Cogneau (PSE-IRD et EHESS) ; Discussant : Géraldine Duthé (Ined)
Dans le cadre d’un projet plus large consacré à l’économie politique du colonialisme, nous examinons ce qu’il peut être dit de l’évolution générale des conditions de vie des populations autochtones en Afrique occidentale française (AOF) entre 1880 et 1960. Nous avons collecté un large échantillon de fiches individuelles de conscrits (« Tirailleurs sénégalais ») dans les archives militaires françaises (Pau), ainsi que les données des commissions de recrutement dans les archives de l’AOF (Dakar). Pour la période la plus tardive (1940-60) et pour certains pays comme la Côte d’Ivoire, ces données peuvent être complétées par des données d’enquête de seconde main (DHS ou LSMS).
Nous fournissons d’abord une description des différentes phases du recrutement militaires dans les colonies depuis la période de conquête en passant par la Première Guerre Mondiale et la mise en place d’une conscription formelle jusqu’à la professionnalisation de l’armée. Dans le cadre de la conscription formelle, nous nous concentrons en particulier sur l’absentéisme, les décisions d’aptitude et l’engagement volontaire. Nous analysons ensuite les évolutions de la stature (taille en cm) en accordant une attention spéciale à la sélection du recrutement. Pour les cohortes nées avant la Seconde Guerre Mondiale, le constat global est celui d’une stagnation de la stature. Après la SGM, les données d’enquête suggèrent que des gains de taille importants ont été obtenus pour les cohortes nées dans les années 1950 et 1960, grâce à l’urbanisation et les revenus tirés des cultures de rente. Après les indépendances, cette tendance de la taille s’est progressivement affaiblie et dans certains pays s’est retournée, partiellement à cause du ralentissement économique mais aussi à cause des effets de sélection liés à la baisse de la mortalité.
Denis Cogneau
Denis Cogneau est professeur à l’École d’économie de Paris (PSE), directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il est titulaire d’une HDR de l’Université Paris-1 Sorbonne, d’une thèse de doctorat de l’EHESS et d’un diplôme de statisticien-économiste de l’École nationale de statistique et d’administration économique (ENSAE). Ses travaux passés portent sur l’impact distributif des politiques économiques et sociales en Afrique sub-saharienne. Ses projets de recherche en cours concernent l’économie politique du colonialisme et le développement économique de l’Afrique dans la longue durée.