Les systèmes résidentiels familiaux à Bogota

the Monday 29 March 2004 at l'INED.

Discutante : Catherine Bonvalet (INED)

Françoise Dureau (IRD)

La question des catégories résidentielles fait l’objet de nombreux débats. A Bogota, nous avons eu recours à la notion de ’système résidentiel familial’ élaborée dans les années 80 par des chercheurs travaillant sur la ville africaine ; comme celle de ’ménage confédéré’ forgée à la même époque en Amérique latine, cette notion vise à rendre compte des pratiques spatiales de familles géographiquement éclatées. L’information sur la localisation de la parenté collectée en 1993 auprès d’un millier d’individus habitant Bogota et sa périphérie permet de caractériser, par une approche statistique et cartographique, la morphologie spatiale des systèmes résidentiels des familles. Quelles sont les configurations spatiales dessinées par les lieux de résidence des différents membres de la parenté ? Quels en sont les déterminants ? Qu’apporte une ’géographie de la famille’ à la compréhension de la dynamique métropolitaine ?
Produit des histoires individuelles et familiales, la morphologie des systèmes résidentiels traduit aussi les étapes du peuplement et de l’expansion spatiale de la ville. Le contexte particulier d’une ville jeune, à la croissance soutenue, où les habitants interviennent massivement dans la production et la transformation de l’espace urbain, rend particulièrement lisible le rôle de la localisation dans les choix résidentiels. La localisation détermine l’accès aux ressources offertes dans les différents lieux de la ville (emplois, équipements, services, etc). Elle conditionne aussi l’accès à la famille et sa pratique effective. A travers la notion de systèmes résidentiels familiaux, l’analyse des pratiques résidentielles se déplace ainsi du logement, vers l’accès aux ressources urbaines localisées : celles offertes par le site, celles produites par les acteurs politiques et économiques intervenant sur la ville et celles construites par les pratiques sociales des habitants. Au-delà de la connaissance des logiques familiales des choix résidentiels, c’est un renouvellement de la lecture des dynamiques urbaines qui est proposé.