Le projet de classification socio-économique européenne : comparaison avec la nomenclature des PCS et essai d'application au contexte françai

the Monday 22 January 2007 at l'Ined, salle Sauvy

Discutant : Louis Chauvel (Inst. d'Etudes Politiques-Paris)

La nomenclature des catégories sociales, dont l'usage est courant dans les enquêtes ménages de l'Insee, fait l'objet d'une démarche d'harmonisation au niveau européen à la demande d'Eurostat. La future nomenclature européenne devrait constituer un outil majeur pour l'étude des phénomènes économiques et sociaux dans l'Union européenne. Les domaines où cette nomenclature pourrait montrer sa pertinence sont nombreux : la mobilité sociale, la réussite scolaire, les inégalités de revenus, de santé, ou encore de conditions de travail, pour ne citer que les principaux.
Fin 1999, Eurostat a commandé un rapport à l'institut national de statistique britannique qui sert de base au projet qui est actuellement en cours de finalisation et auquel l'INSEE participe ainsi que des équipes de recherche italienne, allemande, néerlandaise, suédoise, irlandaise. Les travaux sont coordonnés par deux équipes britanniques appuyées par l'Office statistique du Royaume-Uni. Le groupe de travail a proposé de fonder la classification sur le cadre « théorique » développé par le sociologue britannique John Goldthorpe : il s'agirait de classer les individus selon les caractéristiques de l'emploi qu'ils occupent. L'hypothèse sous-jacente est que les comportements sociaux s'expliquent en grande partie par la position des individus sur le marché du travail, plus précisément, le cas échéant, par le type de relation de subordination qui lie l'employé à son employeur. Le critère fondamental de la classification est ainsi celui de la « relation d'emploi ». Baptisée ESeC, cette classification distingue 9 groupes sociaux.

- deux groupes d'indépendants : les exploitants agricoles d'un côté, les artisans, commerçants et chefs de petites entreprises de l'autre ;

- cinq groupes de salariés, depuis ceux qui exercent les tâches les plus routinières jusqu'aux plus qualifiés d'entre eux ; un groupe est exclusivement composé de « superviseurs »

- deux groupes mixtes composés de salariés qualifiés et de chefs d' entreprises.

Si cette classification a de nombreux points communs avec la nomenclature française des PCS, comme le fait de s'appuyer sur la profession d'un individu pour le situer dans l'espace social, elle présente néanmoins quelques différences : elle accorde moins d'importance au clivage entre indépendants et salariés et introduit des notions nouvelles (dans le contexte français) comme celles de « managers » et de « superviseurs »
Les promoteurs du projet proposent une construction des groupes ESeC à partir du croisement du code CITP(COM)-88 (la nomenclature internationale des professions) et d'informations complémentaires : le statut (indépendant/salarié), la taille d'entreprise, le statut professionnel (position de « manager », de « supervisor », d'employé de base). L'utilisation d'une « matrice de passage » permet de classer une personne dans un des neuf groupes d'ESeC.
L'INSEE, la DARES et d'autres institutions ont commencé à tester ce projet de nomenclature. Le séminaire sera l'occasion de décrire et de discuter une des études présentées lors de la dernière conférence européenne sur ESeC, qui s'est tenue en Slovénie, en juin 2006.