Le projet de classification socio-économique européenne : comparaison avec la nomenclature des PCS et essai d'application au contexte françai
Discutant : Louis Chauvel (Inst. d'Etudes Politiques-Paris)
La nomenclature des catégories sociales, dont l'usage est
courant dans les enquêtes ménages de l'Insee, fait l'objet d'une
démarche d'harmonisation au niveau européen à la demande
d'Eurostat. La future nomenclature européenne devrait constituer un
outil majeur pour l'étude des phénomènes économiques et sociaux
dans l'Union européenne. Les domaines où cette nomenclature
pourrait montrer sa pertinence sont nombreux : la mobilité sociale,
la réussite scolaire, les inégalités de revenus, de santé, ou
encore de conditions de travail, pour ne citer que les
principaux.
Fin 1999, Eurostat a commandé un rapport à l'institut national de
statistique britannique qui sert de base au projet qui est
actuellement en cours de finalisation et auquel l'INSEE participe
ainsi que des équipes de recherche italienne, allemande,
néerlandaise, suédoise, irlandaise. Les travaux sont coordonnés par
deux équipes britanniques appuyées par l'Office statistique du
Royaume-Uni. Le groupe de travail a proposé de fonder la
classification sur le cadre « théorique » développé par le
sociologue britannique John Goldthorpe : il s'agirait de classer
les individus selon les caractéristiques de l'emploi qu'ils
occupent. L'hypothèse sous-jacente est que les comportements
sociaux s'expliquent en grande partie par la position des individus
sur le marché du travail, plus précisément, le cas échéant, par le
type de relation de subordination qui lie l'employé à son
employeur. Le critère fondamental de la classification est ainsi
celui de la « relation d'emploi ». Baptisée ESeC, cette
classification distingue 9 groupes sociaux.
- deux groupes d'indépendants : les exploitants agricoles d'un côté, les artisans, commerçants et chefs de petites entreprises de l'autre ;
- cinq groupes de salariés, depuis ceux qui exercent les tâches les plus routinières jusqu'aux plus qualifiés d'entre eux ; un groupe est exclusivement composé de « superviseurs »
- deux groupes mixtes composés de salariés qualifiés et de chefs d' entreprises.
Si cette classification a de nombreux points communs avec la
nomenclature française des PCS, comme le fait de s'appuyer sur la
profession d'un individu pour le situer dans l'espace social, elle
présente néanmoins quelques différences : elle accorde moins
d'importance au clivage entre indépendants et salariés et introduit
des notions nouvelles (dans le contexte français) comme celles de «
managers » et de « superviseurs »
Les promoteurs du projet proposent une construction des groupes
ESeC à partir du croisement du code CITP(COM)-88 (la nomenclature
internationale des professions) et d'informations complémentaires :
le statut (indépendant/salarié), la taille d'entreprise, le statut
professionnel (position de « manager », de « supervisor »,
d'employé de base). L'utilisation d'une « matrice de passage »
permet de classer une personne dans un des neuf groupes
d'ESeC.
L'INSEE, la DARES et d'autres institutions ont commencé à tester ce
projet de nomenclature. Le séminaire sera l'occasion de décrire et
de discuter une des études présentées lors de la dernière
conférence européenne sur ESeC, qui s'est tenue en Slovénie, en
juin 2006.