La représentation des habitants de leur quartier
La représentation des habitants de leur quartier : entre
bien-être et repli.
Discutant : Jean-Yves Authier (Université Lumière Lyon 2).
Parmi À partir de réponses à la question « Pouvez-vous dire, en
quelques mots, ce que votre quartier représente pour vous ? », cet
article s’attache à caractériser les modes d’habiter de la
population. Six types d’habitants ressortent. Les « Avantagés »
portés sur les offres d’activité de loisirs procurés par les
centres-villes, sont des actifs favorisés logeant dans des
quartiers aisés ; les « Enracinés » à la sociabilité développée
mènent une relation fusionnelle avec leur lieu de vie sans que les
caractéristiques du quartier n’interviennent réellement dans leur
jugement ; les habitants « Globalement satisfaits » majoritaires,
moins typés ; les « Repliés » entretenant des rapports
interpersonnels problématiques, se plaignent de l’isolement aussi
bien relationnel que spatial et du manque d’activité ; les «
Non-investis » qui expriment leur manque d’attachement au quartier,
leur retrait sur leur logement ou qui vivent en dehors du quartier.
Pour finir, des « Insécures » qui sont confrontés aux nuisances et
à l’insécurité, logeant d’abord dans l’habitat social des quartiers
ouvriers et pauvres urbains.
Le type d’habitat, les aménités et l’équipement, les qualités de
l’environnement de l’immeuble et les problèmes déclarés
préoccupants dans le quartier n’ont pas de corrélation systématique
avec ces six différents types de résidants car divers vécus et
logiques individuels coexistent.
Ainsi on ne peut opposer trop simplement des catégories sociales
modestes (habitant des quartiers dont ils auraient forcément un
jugement négatif) et des classes aisées, nécessairement satisfaites
de leurs lieux de vie. En effet, les quartiers des différentes
catégories sociales sont dissemblables en termes de qualités,
d’aménités et de nuisances. De plus des catégories sociales
diverses cohabitent dans ces mêmes quartiers. Enfin, à
caractéristiques locales et socioprofessionnelles données, les
appréciations des résidants se distinguent selon d’autres
dimensions qui ne s’interprètent pas toutes en termes de hiérarchie
sociale, ou alors moins clairement. Telles sont les relations
construites au cours de l’histoire familiale et individuelle avec
un lieu qui incorpore et matérialise l’histoire personnelle. Telles
sont aussi l’étendue et la composition du réseau localisé de
sociabilité.
Néanmoins ce sont bien les habitants les plus modestes qui aux
désavantages liés à leur statut socioprofessionnel cumulent les
désavantages de leur implantation résidentielle. Ainsi, les
ouvriers et les employés des quartiers modestes sont 2,5 à 3 fois
plus souvent représentés chez les habitants se plaignant de
l’insécurité et des nuisances que leur représentation moyenne sur
le territoire le voudrait.