Fécondité tardive des hommes et des femmes : pratique et normes
Présenté par : Eva Beaujouan (L’Université de Vienne) ; Discutante : Anne SALLES (MCF à Sorbonne Université, chercheure associée à l’UR 3 de l’Ined et membre de l’UMR SIRICE: Sorbonne-Identités, Relations Internationales et Civilisations de l’Europe, UMR 8138 (Paris 1, SU, CNRS)
Résumé
Tout comme les femmes, les hommes ont une place reconnue dans le processus de formation d’une famille. D’une part biologique, puisque leur capacité de reproduction entre en compte dans les chances de se reproduire. D’autre part économique, puisque leur situation d’emploi et de leur revenu dominent en général sur d’autres caractéristiques pour prédire leurs chances d’avoir des enfants ou de réaliser leurs intentions de fécondité. Les discours publics tiennent de plus en plus compte de l’importance pour la famille de l’implication des hommes dans l’organisation du foyer, l’éducation et la garde des enfants.
Cependant, les connaissances sur la fécondité des hommes, leur désir d’enfant et les normes qui les entourent sont partielles, alors qu’elles sont bien plus avancées pour les femmes. Particulièrement, alors que les femmes reportent les naissances vers des âges de plus en plus élevés, l’on peut se demander comment la fécondité des hommes change en comparaison dans le monde occidental.
Nous dressons lors de cette présentation un tableau de la fécondité tardive chez les hommes et les femmes dans les pays à fécondité basse. Nous utilisons les données agrégées de fécondité des hommes et des femmes disponibles dans la Human Fertility Database et Human Fertility Collection, les questions des Generations and Gender Surveys (années 2000) sur les intentions de fécondité, et les questions sur les normes posées dans les European Social Surveys 2006–07 et 2018–19. Nous introduisons le type de contraintes que les hommes peuvent rencontrer pour avoir des enfants aux âges plus élevés et décrivons les évolutions des naissances tardives des dernières années. Nous identifions également si les hommes plus âgés veulent des enfants et leurs chances d’en avoir, et finalement s’ils semblent aussi limités que les femmes par des contraintes biologiques et normatives.
Biographie de Eva Beaujoin
Eva Beaujouan est professeur assistant au département de démographie de l'Université de Vienne, au sein du Wittgenstein Centre. Elle travaille principalement sur la fécondité et la famille, avec un double intérêt pour les trajectoires individuelles et pour les comparaisons internationales. Après une thèse de doctorat à l'Institut national d'études démographiques (Ined), elle a rejoint le ESRC Centre for Population Change (Université de Southampton) en 2009, puis le Wittgenstein Centre for Demography and Global Human Capital (IIASA, OeAW, University of Vienna) en 2012. Elle dirige un projet FWF sur la fécondité tardive en Europe, et un projet européen sur les facteurs biologiques, individuels et contextuels du rattrapage de la fécondité.