L’aide informelle permet-elle de repousser l’entrée en institution des personnes âgées? Une analyse à partir de données administratives et d’enquêtes néerlandaises
Présenté par : Julien Bergeot (Université Paris-Dauphine) ; Discutant : à venir
Résumé
Pour limiter l’augmentation des coûts futurs liés au vieillissement de la population, beaucoup de pays ont mis en place des politiques de maintien à domicile et font la promotion de l’aide apportée par les proches. Cette aide dite informelle est généralement considérée en Europe comme un moyen peu coûteux de prévenir le placement en institution et permettre aux personnes âgées de rester à domicile. La façon dont la mobilisation de l'aide informelle peut contribuer à réduire le taux d'institutionnalisation dépend cependant de si celle-ci permet de réduire les admissions en institution des personnes âgées. La littérature s’est uniquement intéressée au cas des Etats-Unis. Nous nous appuyons sur un appariement riche de données d’enquête (Health Monitor 2016) et de données administratives néerlandaises. Afin d’estimer un effet causal de l’aide informelle, nous utilisons la proportion de filles comme variable instrumentale. Enfin, nous estimons l’effet moyen de traitement de l’aide informelle à l’aide d’un probit bivarié. Nous trouvons que, pour les personnes déclarant être en mauvaise santé ou présentant des limitations fonctionnelles sévères, le fait de recevoir des soins informels entraîne une augmentation de la probabilité d'une admission permanente en institution. De ce fait, les décideurs publics - des Pays-Bas et d'autres pays institutionnellement et culturellement similaires - ne doivent pas s'attendre à ce que la stimulation de la prise en charge informelle entraîne une baisse du taux d'admission en institution. Cela pourrait même accélérer l'admission des personnes âgées ayant un mauvais état de santé.
Biographie de Julien Bergeot
Julien Bergeot est postdoctorant en économie à l’université Paris Dauphine. Il a réalisé sa thèse en économie du vieillissement et de la famille, et plus précisément sur la prise en charge familiale de la perte d’autonomie des personnes âgées. Ses travaux se sont intéressés à la façon dont les enfants des personnes âgées se répartissent l’aide apportée, à l’articulation de l’aide avec une activité professionnelle et au rôle de l’aide informelle dans le maintien à domicile. Au cours de son postdoctorat, il continue ses travaux sur l’aide informelle et s’intéresse aux conséquences des difficultés d’accès aux soins pendant la première vague de la pandémie sur la santé des personnes âgées.