Femmes diplômées de l'université : positionn dans la hiérarchie universitaire, le cas de la Faculté des Sciences à Dakar
Discutant : Etienne Gérard (IRD)
La construction sociale du genre et de ses attributs spécifiques à chaque société et, à l’intérieur de celles-ci à chaque classe sociale, colore différemment la dynamique des transformations sociales. En Afrique et au Sénégal, au-delà de l’accès à l’instruction et à la certification, l’entrée sur le marché du travail reste marquée pour les femmes par leur destin maternel et conjugal. On s’aperçoit en effet que l’entrée en conjugalité et la parentalité ont des impacts divergents sur l’insertion et la trajectoire professionnelle des hommes et des femmes. Une source précieuse d’information réside dans la composition du corps enseignant des universités sénégalaises, et surtout dans le type de carrière que ces institutions proposent aux femmes et aux hommes qu’elles ont recrutés.
Au Sénégal comme ailleurs, pays industriels et pays en développement confondus, les femmes sont généralement moins nombreuses dans les postes de décisions et de pouvoir, et les filières les plus valorisées sont systématiquement moins féminisées que les autres. Ainsi en est-il pour la voie royale que représentent, en France, les grandes écoles scientifiques, et, au Sénégal, les filières de math-physique de la faculté des sciences. Pour justifier leur éviction de ces filières, on met souvent en avant le peu de dilection des filles pour les matières scientifiques, mais l’antagonisme entre féminité et science est une construction sociale qui relève du stéréotype.
Qu’en est-il au Sénégal où le système scolaire, marqué par
l’influence française, considère les filières scientifiques comme
les voies d’une réussite sociale ultérieure assurée? Comment
devient-on enseignante à l’université de Dakar? Par quel parcours
scolaire une telle trajectoire peut-elle se produire? A quel prix
obtiennent-elles des positions comparables à celles de leurs
homologues masculins? C’est la mise à l’épreuve d’une telle
problématique que nous voudrions tenter, à travers l’analyse de la
situation des femmes diplômées de l’université de Dakar au
Sénégal.