Evolution de la politique vaccinale BCG : déterminants épidemiologiques et socio-démographiques
Presented by : Daniel LEVY-BRUHL (Santé publique France) ; Discussant : Sophie Lecoeur (Ined)
La vaccination BCG du nourrisson a été obligatoire jusqu’en 2007 en France et effectuée très majoritairement par voie percutanee. Cette politique était justifiée par le constat de l’induction par le BCG d’une protection d’environ 85% contre les formes extra-pulmonaires de tuberculose et d’environ 50% contre les formes pulmonaires. En janvier 2006, le vaccin par multipuncture (Monovax®) a été retiré du marché et remplacé par le vaccin BCG SSI administrable par voie intradermique. La difficulté de cette voie d’administration chez le très jeune nourrisson a conduit à une baisse immédiate de la couverture vaccinale. En juillet 2007, faisant suite à une expertise française qui estimait que la vaccination des seuls enfants à risque (moins de 15% des enfants) pouvait éviter les trois quarts des cas de tuberculose jusque-là évités par le BCG, l’obligation de vaccination des enfants par le BCG a été remplacée par une recommandation de vaccination des enfants les plus exposés à la tuberculose. Il s’agissait notamment des enfants nés, ou dont au moins l’un des parents était né en zone de forte endémie tuberculeuse, et tous les enfants résidant en Ile-de-France ou en Guyane. En effet dans ces 2 régions, le taux d’incidence de la tuberculose était largement supérieur à ceux observés dans les autres régions. Cette recommandation a été depuis étendue à Mayotte, devenu département français en 2011. Cette nouvelle politique vaccinale a été adoptée après une large concertation, portant en particulier sur le caractère acceptable ou non de faire une recommandation ciblant des enfants en fonction de leur origine géographique ou de celle de leurs parents. Nous revenons dans cette présentation sur le processus ayant conduit au changement de politique vaccinale, sur les outils mis en place pour surveiller l’impact de ce changement en termes de couverture vaccinale BCG et d’incidence de la tuberculose, et sur les premiers résultats de ces surveillances en faisant un focus sur la couverture vaccinale chez le nourrisson mesurée à travers l’Etude Elfe.
Daniel LEVY-BRUHL
Médecin de formation, Daniel Lévy-Bruhl a effectué pendant plusieurs années des consultations pour l’OMS et l’Unicef essentiellement dans le cadre de la mise en place et de l’évaluation du Programme élargi de vaccination avant de rejoindre en 1986 le Centre International de l’Enfance (Service des Vaccinations et des Maladies transmissibles) où il a poursuivi ces mêmes activités. En 1992-93, il a complété sa formation par un DEA de Santé publique option biostatistique. Depuis 1997, il est responsable de l’unité des maladies à prévention vaccinale de l’Institut de Veille sanitaire (Santé publique France). Cette unité a comme missions essentielles l’évaluation de l’impact épidémiologique et de la couverture vaccinale pour l’ensemble des vaccins intégrés dans le calendrier vaccinal. Elle apporte au Comité technique des vaccinations français l’expertise épidémiologique nécessaire à l’élaboration et l’adaptation du calendrier vaccinal incluant, pour les nouveaux vaccins, des travaux de modélisation mathématique et d’évaluation médico-économique.