Essai de typologie et de quantification des pratiquants multirésidentiels
Unité de recherche « Mobilité, logement et entourage ». Discutant : Christophe Imbert (Université de Poitiers, Migrinter)
Notre modernité valorise et impose certaines formes de mobilité
mais elle prescrit aussi certaines formes de sédentarité.
Trivialement, tout le monde doit avoir un toit et posséder une
adresse privée, et si tel n'est pas le cas, alors il est imposé un
document spécifique. Mais tout le monde doit pouvoir se déplacer
pour effectuer des tâches usuelles (faire des courses, aller au
travail, visiter des amis ou de la famille, partir en vacances ou
encore être muté professionnellement, etc.). Pris dans des
contraintes et des opportunités d'ancrages localisés et de
mobilités, les personnes vivent à leur échelle un éclatement
géographique des lieux de vie pratiqués. On le constate à travers
l'analyse des mobilités quotidiennes, des migrations ou des formes
intermédiaires que sont les multilocalités résidentielles ou les
circulations migratoires intra- ou transnationales. A mi-chemin
entre la mobilité pendulaire et la migration résidentielle, les
phénomènes de multilocalités résidentielles croisent d'autres
catégories comme celui des migrations transnationales. Il reste
difficile de recenser les cas de multirésidentialité et d'en
estimer l'importance dans une société donnée. C'est que les
obstacles sont nombreux pour y arriver. Ils sont d'ordre technique
et épistémologique. A cheval entre l'habiter et le circuler, la
catégorie « pratique multirésidentielle » ne fait pas partie des
concepts largement diffusés.
L'intervention s'appuiera essentiellement sur l'analyse de
différentes études sur le sujet en Allemagne et en Suisse, ainsi
que sur nos recherches empiriques et théoriques (notamment
l'analyse statistique de l'enquête quinquennale suisse sur les
comportements mobiles en collaboration avec Helmut Schad).