Emigration urbaine, pauvreté et ajustement structurel au Burkina Faso
Emigration urbaine, pauvreté et ajustement structurel au Burkina
Faso : une étude longitudinale (1980-1999).
Discutant : André Quesnel (IRD).
À la lumière des statistiques internationales, l’Afrique sub-saharienne est souvent présentée à la fois (1) comme le continent le plus faiblement urbanisé et (2) comme la région soumise aux plus forts taux de croissance urbaine. Pour autant, les rythmes d’urbanisation fléchissent, notamment parce que, dans de nombreux pays, les échanges migratoires se réduisent de moins en moins à un simple « exode rural ». L’émigration urbaine (migration des villes vers les campagnes), en particulier, apparaît comme un mouvement émergent. L’observation ne vaut certes pas pour tous les pays du sous-continent, mais il n’en reste pas moins que l’émigration urbaine a parfois pris une telle ampleur qu’elle surpasse désormais le flux inverse dans les échanges entre milieux urbain et rural : en Zambie ou en Côte d’Ivoire, par exemple, on observe des processus de contre-urbanisation.
Pour expliquer cette tendance, un large consensus se dessine dans
la littérature pour dénoncer la montée de la pauvreté urbaine dans
un contexte d’application de plans d’ajustement structurel destinés
précisément, entre autres choses, à réduire les écarts entre villes
et campagnes. La causalité se déclinerait ainsi à deux niveaux. Au
niveau macro-économique, les diverses mesures qui accompagnent les
plans d’ajustement structurel seraient de nature à infléchir, voire
inverser les tendances migratoires. Et, au niveau micro des
individus ou des ménages, l’émigration urbaine procéderait d’une
stratégie d’adaptation à la pauvreté, voire d’une stratégie de
survie.
Ces hypothèses, devenues fréquentes dans la littérature, n’ont pas
ou peu fait l’objet de vérifications empiriques. C’est la lacune
que voudrait partiellement combler cette communication en
exploitant les données longitudinales de l’enquête nationale «
Dynamique migratoire, insertion urbaine et environnement » (EMIUB)
réalisée au Burkina Faso en 2000. Utilisant un modèle d’analyse
biographique, on propose une étude des déterminants de l’émigration
urbaine afin de chercher (1) si les indices de pauvreté jouent un
rôle essentiel dans la mise en mouvement des individus des villes
vers les campagnes et (2) si la mise en oeuvre d’un ajustement
structurel dans ce pays a modifié les logiques
migratoires.