Du groupe à l'individu. Vers une synthèse multiniveau
Discutant : Marc Barbut (EHESS)
Lors de ce séminaire nous présenterons une vue historique de l’évolution de la pensée démographique, de ses origines au XVIIe siècle à nos jours, pour montrer comment l’approche multiniveau résout certaines des contradictions apparues au cours du temps et permet une synthèse des différentes approches suivies.
Une première approche a prévalu jusqu’à la fin de la Seconde Guerre
mondiale, dite transversale, qui se situant à un moment donné
cherche à comprendre les phénomènes à l’échelle de groupes sociaux,
mis en évidence par exemple par les recensements. En se situant à
un niveau agrégé elle conduit à l’erreur écologique, lorsqu’elle
veut raisonner sur des comportements individuels, et en se situant
à un moment donné elle laisse échapper l’histoire de vie des
générations. Il en résulte l’approche longitudinale qui a connu son
apogée au cours des années 1970 en introduisant le temps vécu par
les générations ou les cohortes, tout en restant au niveau agrégé.
En posant des hypothèses d’homogénéité des populations sur
lesquelles elle travaille et d’indépendance entre les divers
phénomènes étudiés, elle rencontre cependant de nombreuses
difficultés qui n’ont pu être résolues que par l’approche
biographique. Celle-ci, en prenant un point de vue résolument
individuel, montre le rôle fondamental de l’hétérogénéité des
populations et des dépendances complexes entre les phénomènes. Mais
cette fois-ci apparaît un risque d’erreur atomiste, car elle
n’introduit dans l’analyse que des caractéristiques individuelles.
Ce risque ne peut être résolu que par une approche contextuelle et
plus généralement multiniveau, qui permet une synthèse entre action
de la société et de l’individu et résout nombre des difficultés
rencontrées tout au long de cette histoire.