De la géographie des structures familiales en Espagne, 1752-1860
Discutant : Paul-André Rosental (EHESS-Ined)
Isidro Dubert (Université de Santiago de Compostela, Espagne)
Nous essayerions de faire une lecture historique de la géographie des structures familiales en Espagne entre 1752 et 1860. Certains historiens sous-estiment le rôle des facteurs écologiques, démographiques, socioéconomiques ou productifs, pris tous ensemble ou séparément, au profit des critères de nature ethno-culturelle, pour expliquer la distribution géographique des structures familiales. Les critères ethno-culturels sont défendus au nom de la spécificité qu’il conviendrait, selon ces auteurs, d’attribuer aux comportements familiaux. Les structures observées dériveraient de la continuité séculaire de formules de cohabitation familiales complexes sur une aire territoriale déterminée, par le simple fait que la population appartient ou aurait appartenu à un certain moment de son histoire à une communauté linguistique ou culturelle spécifique.
Selon nous, le recours à ces critères ravive la vieille association identitaire entre famille, territoire et langue, ouvrant la porte à une relecture idéologique du problème qui, dans la pratique, tronquerait ce que devrait être son interprétation historique. Ce regard historique permettra aussi de remettre en question les affirmations réitérées de ces anthropologues qui ont insisté sur l’existence d’un contraste nord-sud net en matière familiale durant l’Ancien Régime, un contraste qui résulterait de la prétendue stabilité spatiale montrée par les règles de formation de la famille et les formules de cohabitation familiale engendrées par les différents régimes matrimoniaux et héréditaires qui ont existé dans la Péninsule Ibérique entre le XVIIIème siècle et le XIXème siècle.