Comment améliorer le recours au dépistage du VIH dans un contexte d’épidémie mixte ? L’exemple de la Côte d’Ivoire
Intervenant : Maxime Inghels (Université de Lincoln). Discutant : Kévin Jean (CNAM).
Avec 2,8 % de sa population adulte infectée, la Côte d'Ivoire est l'un des pays d'Afrique de l'Ouest les plus sévèrement touchés par l'épidémie à VIH. Son épidémie, dite mixte, est caractérisée par des prévalences élevées au sein des populations dites clés (Hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes–HSH et travailleuses du sexe) et une prévalence moyenne en population générale. L’objectif de cette recherche est d’identifier les freins et leviers associés à la demande et à l’offre du dépistage du VIH dans le contexte d’épidémie mixte de la Côte d’Ivoire, contexte qui nécessite de considérer séparément le dépistage en population générale et le dépistage au sein des sous-populations très exposées au VIH.
Ce travail est basé sur l’analyse de quatre enquêtes quantitatives réalisées auprès de quatre populations distinctes : population générale, professionnels soignants, HSH et personnes infectées par le VIH.
Les résultats de cette recherche montrent des barrières au dépistage en population générale sur plusieurs niveaux : manque d’accès à l’information sur les lieux de dépistage, faible perception de son exposition au VIH, support économique ou social insuffisant.
La proposition du test en consultation médicale reste sous-optimale lors de situations recommandées pour un dépistage. Par exemple, seuls 27 % des consultations pour une infection sexuellement transmissible ont abouti sur une proposition de test.
Le dépistage communautaire, qui cible les populations les plus à risques de s’infecter comme les HSH, permet un dépistage large et répété d’une partie de ces populations. Mais les lieux de dépistage communautaire ne sont pas toujours bien connus et acceptés par l’ensemble des populations ciblées.
En Côte d'Ivoire, l'amélioration du recours au dépistage en population générale et auprès des HSH nécessite : (i) une meilleure communication sur l'offre de dépistage, (ii) un renforcement de la proposition du test par les professionnels de santé lors des situations recommandées et (iii) le maintien d'une offre de dépistage « tout public » à côté de l’offre communautaire.
Maxime Inghels
Actuellement Research Fellow en santé rurale à l’université de Lincoln au Royaume-Uni, Maxime Inghels est titulaire d’un doctorat en démographie de l’Université Paris-Descartes. Ses principaux travaux de recherche s’articulent autour des questions de l’accès à la santé sexuelle et reproductive. Il a notamment passé ces six dernières années à travailler sur la thématique de l’accès au dépistage du VIH dans le contexte de l’Afrique subsaharienne. Il est particulièrement intéressé par les interventions visant à atteindre les populations qui restent à l’écart des systèmes de santé ou qui sont peu prises en compte dans les politiques de santé publique.
À côté de ses activités académiques, il est particulièrement engagé dans le monde associatif. Pendant cinq années, il a été volontaire au sein de l’association HF prévention où il proposait le dépistage communautaire auprès de sous-populations très exposées au VIH en France. Il a aussi réalisé plusieurs missions d’expertises pour l’ONG International Treatment Preparedness Coalition (ITPC).