Biomédicalisation de l’accouchement et violences faites aux femmes : l’exemple de la périnéorraphie au Cambodge
Presented by :Clémence Schantz Inguenault (Ined) ; Discussant : Armelle Andro (Université Paris 1)
Le Cambodge est l’un des neuf pays au monde à avoir atteint l’objectif 5 des Objectifs du Millénaire pour le Développement en diminuant de 75% son taux de mortalité maternelle entre 1990 et 2015. Cette communication se basera sur ma recherche doctorale menée en 2013-2016 à Phnom Penh, au Cambodge, et interrogera cette vision idéalisée des Nations Unies concernant la santé maternelle au Cambodge en observant ‘par le bas’ et en rendant visibles les pratiques gynéco-obstétricales. Les données ont été obtenues grâce à une enquête empirique de 11 mois dans la capitale, mêlant une observation participante dans des salles de naissances, à des entretiens semi-directifs, des données de registres médicaux, et des questionnaires menés auprès de femmes enceintes puis ayant accouché. Je présenterai une pratique répandue (la périnéorraphie) qui vise à coudre fortement le vagin de femmes jeunes et en bonne santé après des accouchements par voie basse, et sans indication médicale. Cette pratique illustrera la façon dont de nouvelles techniques biomédicales, pratiquées en institutions de soins, constituent de nouvelles violences envers les femmes.
Clémence Schantz Inguenault (Ined)
Clémence Schantz est sociologue et ses recherches portent sur la biomédicalisation de l’accouchement dans différentes régions. Elle a soutenu une thèse de sociodémographie en 2016 qui s’intitulait « Construire le corps féminin à travers les pratiques obstétricales à Phnom Penh, Cambodge ». Elle a ensuite mené un post-doc sur le programme de recherche CESARIA afin d’identifier les déterminants sociodémographiques de la pratique de la césarienne en France, au Mali et au Bénin. Elle est actuellement chargée d’étude à l’Ined où elle mène une revue de la littérature sur les pratiques contraceptives au sein de l’UR 3 et de l’UR 14.