Henri Leridon
répond à nos questions sur le Campus Condorcet
Démographe, directeur de recherches à l’Ined, conseiller scientifique et chargé des relations internationales de la cohorte Elfe. Henri Leridon travaille sur tous les sujets touchant à la reproduction humaine, l’infertilité, la contraception, la sexualité, la fécondité de la population française.
(Entretien réalisé en janvier 2011)
Comment est envisagée la coopération scientifique dans le cadre du campus?
Le campus sera dédié principalement aux études avancées (masters, doctorats, post-doc) en sciences humaines et sociales. Il permettra de construire un pôle puissant et tourné vers l’international. Ceci sera possible par le développement de collaborations entre institutions, en intégrant certaines « sciences dures ». Les bâtiments ne seront pas inaugurés avant 2016 mais il importe de « faire exister le campus avant le campus », par des initiatives qui donneront de la visibilité au projet et rapprocheront progressivement les équipes. Le Conseil scientifique a déjà retenu trois types d’action :
- Organiser, avec les collectivités territoriales concernées, des conférences « Campus Condorcet », ouvertes à tous. En 2011, trois conférences sont prévues sur « transnationalités » et identités.
- Sponsoriser et soutenir financièrement des colloques sur les thèmes prioritaires et associant au moins trois organismes, ainsi que des Journées de doctorants.
- Créer des « Ateliers Condorcet », structures collaboratives souples et interdisciplinaires, pour favoriser des échanges et l’élaboration de projets communs ; les thèmes retenus pour le moment sont le fait religieux, le vieillissement et le genre.
Quels axes thématiques vous paraissent les plus importants pour l’Ined ?
Parmi les huit axes principaux du projet du campus, quatre sont
d’intérêt direct pour nous : Histoire des sociétés et
intelligence du contemporain ; Espaces, territoires, environnement
; Populations, santé ; Economie, développement durable. Mais la
liste n’est pas limitative ! Le choix des sujets des Ateliers
résulte ainsi de convergences entre organismes sur ces thèmes.
L’Ined est bien sûr concerné par le vieillissement et le
genre.
Quels sont les enjeux de la mutualisation des ressources documentaires et bibliothécaires ?
Ils sont majeurs. Au vu d’expériences étrangères récentes,
il apparaît que la bibliothèque centrale devra être conçue
comme un « socio-tope » (en référence au Rolex Learning Center
de l’Ecole polytechnique de Lausanne) intégrant des espaces de
travail pensés en fonction des différents besoins (travail
individuel, en petit groupe, en séminaire, en formation, etc.) ,
des espaces de loisirs ou de détente, et de contacts avec
l’administration. Bref un lieu de passage obligé pour les usagers
du campus, et donc un lieu de rencontres.
Une condition est que le grand équipement documentaire regroupe
l’ensemble des fonds actuels des bibliothèques concernées par le
projet pour préserver et valoriser les domaines d’excellence de
ces fonds, qui reflètent les activités de recherche des
institutions. Chaque fonds devrait garder son identité, et l’on ne
cherchera pas à créer un grand fonds polyvalent. La Bibliothèque
sera tournée vers le numérique. Elle devra aussi être aussi
facilement accessible que possible, en termes d’horaires
d’ouverture et d’accès direct aux ouvrages.