Au Bangladesh, une transition inespérée
Population et Sociétés
n° 357, mai 2000
- Les paradoxes de la baisse de la fécondité
- Scolarisation et activité des femmes
- Les bidonvilles de Dhaka
- Un pays aux mille fardeaux
Depuis la partition du Pakistan en 1971, le Bangladesh, petit pays de 144 000 km2, fait peu parler de lui, si ce n’est à l’occasion des calamités naturelles récurrentes qui le frappent. Pourtant, ses 129 millions d’habitants le placent, en 2000, au 8e rang mondial pour sa population. Ses quelque 890 habitants par kilomètre carré font de lui le pays le plus densément peuplé de la planète, trois fois plus dense que l’Inde, sept fois plus que la Chine, autant que Java, la plus saturée des îles indonésiennes, ou que l’Égypte, dans sa partie non désertique.
À son indépendance, le Bangladesh comptait 69 millions d’habitants, presque deux fois moins qu’aujourd’hui. Cela représente une croissance de + 2,2 % par an en moyenne au cours des trente dernières années, et plus qu’un quadruplement (x 4,4) au cours du XXe siècle. Malgré la baisse de la fécondité amorcée dans la décennie 1970, sa structure par âge très jeune le voue à une croissance potentielle considérable. Dans l’hypothèse où la fécondité continuerait de décroître jusqu’à tomber d’ici quinze ans à 2,1 enfants par femme, le Bangladesh aura tout de même augmenté, en 2020, de plus de 40 millions d’habitants, et aura alors gagné une place au classement des pays les plus peuplés (1).
Le Bengale, dont la partie orientale constitue l’actuel Bangladesh, fut un creuset de civilisations : Dravidiens, Aryens, peuples du Myanmar et de l’Himalaya, en constituèrent le peuplement originel. à l’avènement du pouvoir moghol, au XVIe siècle, d’autres peuples, provenant de l’ensemble du monde musulman, vinrent s’y établir. Aujourd’hui, toutefois, la distinction est surtout religieuse : aux côtés des musulmans, largement majoritaires (87 %) - faisant du Bangladesh l’un des plus grands pays d’islam, avec 110 millions d’adeptes - on trouve des hindouistes (12 %) et une communauté très restreinte de bouddhistes (0,6 %) et de chrétiens (0,3 %). Mais le pays se signale aussi par sa situation économique : un habitant sur deux (48 %) vit en dessous du seuil de pauvreté défini par les autorités bangladeshi ; le PIB par habitant (2) est de 40 % inférieur à celui de l’Inde, de 30 % à celui du Pakistan.