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Les migrations d’Afrique subsaharienne en Europe : un essor encore limité
Population et Sociétés
n° 452, janvier 2009
L’immigration subsaharienne en France retient souvent l’attention. Mais quelle est réellement son ampleur ? Exploitant les différentes statistiques disponibles, David Lessault et Cris Beauchemin montrent que l’immigration d’origine subsaharienne, malgré sa forte progression dans les dernières décennies, reste encore très minoritaire dans l’ensemble de l’immigration en France ou en Europe, que l’on considère les entrées annuelles de migrants (les flux) ou la population immigrée (les stocks).
Les immigrés originaires d’Afrique subsaharienne n’étaient que 20 000 en France au moment du recensement de 1962, contre 570 000 en 2004, soit une multiplication par 27 en un peu plus de 40 ans. L’augmentation est certes importante, mais on partait de très bas, si bien qu’en 2004 les Subsahariens ne représentent qu’un peu plus d’un dixième de l’ensemble des immigrés en France (12 %). La prise en compte des migrants irréguliers ne modifie pas ce constat : les inclure fait, au maximum, passer la part des Subsahariens de 9 à 11 % de l’ensemble de la population immigrée en France en 1999. Par ailleurs, minoritaires en France, les Subsahariens le sont aussi dans les autres grands pays d’immigration. En 2000, ils forment seulement 4 % des immigrés installés dans les pays de l’OCDE. Et même dans les nouvelles destinations européennes que sont l’Espagne ou l’Italie, ils ne représentent que moins de 10 % de la population immigrée irréguliers compris (4 % en Espagne et 8 % en Italie en 2006). En réalité, les Africains migrent peu en dehors de l’Afrique. Neuf réfugiés subsahariens sur dix restent sur le continent et s’installent dans un pays voisin du leur. Presque à égalité avec l’Asie, l’Afrique subsaharienne est le continent où la propension à émigrer vers les pays de l’OCDE est, de loin, la plus faible du monde (en 2000, moins d’une personne née en Afrique subsaharienne sur 100 vit dans un pays de l’OCDE).