La population du monde
Collection : Cahiers
n° 149, 2002, 800 pages
Première partie : Perspectives nationales
La population mondiale à l’orée du XXIe siècle - Le Bangladesh - Le Brésil - La Chine - La République démocratique du Congo - L’Égypte - Les États-Unis - L’Éthiopie - L’Inde - L’Indonésie - L’Iran - Le Japon - Le Mexique - Le Nigeria - Le Pakistan - Les Philippines - La Russie - La Turquie - Le Viêt-Nam - Les grands ensembles transnationaux
Deuxième partie : Les enjeux internationaux
- La transition démographique : 35 ans de bouleversements (1965-2000)
- La santé : anciennes et nouvelles maladies
- La mortalité dans le monde : tendances et perspectives
- Vieillissement du monde et mondialisation du vieillissement
- Vers une domination des villes : une adaptation difficile
- Les migrations internationales : un défi à long terme pour le monde industriel
- Population active, emploi, formation
- Population, développement agraire et ressources naturelles
- La population et l’économie mondiale : une nouvelle donne
- De 1950 à 2000 : la communauté internationale face au problème de la croissance de la population mondiale
De nos jours, les évolutions nationales sont de plus en plus interdépendantes, cela se vérifie sur le plan économique, social, culturel et démographique. La mondialisation, c’est aussi la possibilité de la diffusion de normes et de modèles sociodémographiques universels et d’un partage quasi immédiat de toutes les expériences, y compris dans le domaine démographique.
Les prochaines décennies devraient être décisives pour l’avenir de la population mondiale. Le XXIe siècle commençant devrait ouvrir, dès ses premières décennies, des perspectives totalement inédites : des projections récentes indiquent que, dès le dernier quart de ce siècle, la croissance globale de la population mondiale pourrait être nulle, la suite étant plus difficile à prévoir. Entrera-t-on dans une phase de stabilisation ou de baisse durable, ou encore de déséquilibres où alterneraient périodes de baisse et de hausse ? Ce qui est certain, c’est que ce siècle sera marqué par la fin de la croissance paroxystique qui avait caractérisé le XXe siècle. Cependant, avant d’entrer dans cette phase nouvelle, la première moitié du XXIe siècle devrait être encore une dernière période de forte croissance, de l’ordre de 3 milliards de personnes. Durant ces décennies également devraient se modeler les traits les plus caractéristiques de la future population mondiale. Mais c’est surtout une période de grande incertitude qui s’ouvre en ce qui concerne les rythmes d’évolution possibles de la mortalité, de la fécondité et des migrations dans plusieurs régions du monde.
Lorsqu’on aborde la question de la population mondiale, on court le risque de tomber dans des considérations abstraites, éloignées de la réalité. Deux options se présentent pour surmonter cette difficulté : la première consiste à examiner de près la situation démographique des différents pays dont l’agrégation constitue la population mondiale et d’en déduire des évolutions de portée générale ; la seconde, à ne considérer qu’un certain nombre de problèmes concrets, liés à des questions de population, mais dont l’importance, au niveau mondial, est reconnue aujourd’hui ou devrait l’être dans les prochaines décennies.
Ces deux options nous paraissent complémentaires, mais nécessitent un mode d’emploi particulier. Avec la première option, on est contraint de se disperser dans l’étude de très nombreux pays. L’Onu compte, en effet, aujourd’hui 190 États membres dont certains dépassent à peine 30 000 habitants. Ils pèsent donc très peu sur l’évolution de la population mondiale.
La polarisation de la population dans quelques grandes aires de peuplement dont l’évolution est, elle, déterminante pour l’ensemble de la population de la planète, suggère une solution : se concentrer sur les pays les plus peuplés. Nous avons fait ce choix : la première option ainsi amendée, nous avons adopté, dans la première partie de cet ouvrage, une perspective nationale qui nous a conduits à n’examiner que 18 pays, mais qui contiennent ou contiendront à eux seuls les deux tiers de la population mondiale ; ces géants démographiques ont déjà, ou sont appelés à avoir, au moins 100 millions d’habitants.
La seconde option également retenue, nous a conduits à suivre, cette fois, une présentation thématique dans la seconde partie de cet ouvrage. Parmi les défis que va poser la maturation de la transition démographique, nous nous sommes penchés sur ceux qui, dans un raccourci historique sans précédent, nous ont semblé être, et surtout devoir être, déterminants pour l’évolution de la population du monde. C’est un des paradoxes de cette période que la venue tant attendue de la dernière phase de la transition va être marquée par des tensions multiples. Il s’agira, en effet, en l’espace de quelques décennies, de répondre tout d’abord à des problèmes qui se posent déjà aujourd’hui, mais se poseront demain avec une intensité inégalée, comme le vieillissement accéléré, l’urbanisation non maîtrisée, les migrations internationales en expansion, les menaces sur les ressources naturelles, etc. Il s’agira aussi, et surtout, durant la même période, d’accueillir une dernière vague de 3 milliards de personnes avant le plafonnement de la population mondiale, et donc de créer des centaines de millions d’emplois productifs, tout en faisant face à des problèmes nouveaux comme, par exemple, celui d’une contraction de la population dans un nombre croissant de pays ou celui d’une possible inversion des tendances de la mortalité dans d’autres.
Ces réponses, la communauté internationale a essayé de les apporter depuis plusieurs décennies. Et ce n’est pas un des moindres paradoxes que le domaine de la population, si sensible aux conflits politiques et idéologiques, soit l’un de ceux où les interventions internationales ont été les plus précoces et les plus fortes, au point même de dessiner un consensus global.