Population 2017, n°2
2017
Migration sélective des adultes et inégalités face au décès entre milieux urbains et ruraux au Burkina Faso
Bruno Lankoande et Ali Sié, lauréats du Prix jeune auteur 2017 de la revue Population
Tendances et inégalités de mortalité de 1990 à 2015 dans les pays à revenu faible et intermédiaire
Dominique Tabutin et Bruno Masquelier
Évolution de la taille des familles au fil des générations en France (1850-1966)
Sandra Brée
Une enquête auprès d’adolescents nés avec le VIH : le projet TEEWA en Thaïlande
Sophie Le Coeur, Éva Lelièvre, Cheeraya Kanabkaew, Wasna Sirirungsi
Bruno Lankoande, Ali Sié
En prenant l’exemple du Burkina Faso, où les migrations du milieu rural vers le milieu urbain continuent d’alimenter abondamment le processus d’urbanisation, cette recherche teste les effets nets de la migration sur le différentiel de mortalité entre milieux urbains et ruraux chez les adultes de 15 à 74 ans. Elle s’appuie sur les informations recueillies dans les observatoires de population situés à la campagne (Nouna) et en ville (Ouagadougou) sur une période récente (2009-2013). Les données longitudinales sont exploitées avec un
modèle semi-paramétrique de Cox. Dans un milieu rural où les conditions sanitaires sont peu favorables, ce sont les individus en bonne santé qui migrent en direction des villes, renforçant ainsi à court terme l’avantage sanitaire urbain. Malgré cette sélection d’abord positive en termes de santé, ils perdent leur avantage sanitaire au fil du temps avec la résidence en milieu urbain, ce qui constitue probablement un frein à la transition de la mortalité à l’échelle du pays, dans la mesure où ces derniers étaient en meilleure santé dans leur milieu d’origine. Pour les migrants de retour (rural-urbain-rural), on n’observe pas d’effet de sélection. Au-delà des effets de composition et de contexte, la sélection positive des migrants rural-urbain contribue à exacerber le désavantage sanitaire du milieu rural vis-à-vis du milieu urbain.
Tendances et inégalités de mortalité de 1990 à 2015 dans les pays à revenu faible et intermédiaire
Dominique Tabutin et Bruno Masquelier
Entre 1990 et 2015, la plupart des pays en développement ont connu des progrès notables de leur espérance de vie, mais d’ampleur très diverse. Cet article fait le point sur l’évolution de la mortalité des enfants (à moins de 5 ans) et de la mortalité adulte (de 15 à 60 ans) dans les 109 pays à bas et moyen revenu de plus d’un million d’habitants. Il met l’accent sur l’évolution des disparités géographiques et de sexe entre pays, et sur les inégalités internes (instruction, niveaux de vie, milieux d’habitat) dans dix pays retenus aux caractéristiques très différentes sur les plans socioéconomique, politique et démographique (Afghanistan, Afrique du Sud, Bolivie,
Brésil, Burkina Faso, Chine, Égypte, Inde, Indonésie, Nigeria). Il revisite également la question de la transition épidémiologique et examine plus particulièrement la mortalité par sida et la mortalité maternelle. Les progrès ont bénéficié principalement aux enfants, et souvent (mais pas toujours) aux femmes et aux pays et groupes sociaux les plus défavorisés. Parler de convergence vers une faible mortalité paraît néanmoins prématuré, car en dépit des progrès réalisés, les inégalités entre pays et internes aux pays demeurent conséquentes, et méritent une attention particulière tant des acteurs de la santé publique que des chercheurs.
Évolution de la taille des familles au fil des générations en France (1850-1966)
Sandra Brée
À travers l’analyse longitudinale des parités et des probabilités d’agrandissement, cet article retrace l’évolution de la fécondité des générations féminines en France nées entre 1850 et 1966. Après avoir présenté les sources et données disponibles (recensements de population et enquêtes Famille), et les méthodes utilisées pour l’analyse rétrospective de la fécondité des générations, l’auteure propose des estimations de l’évolution de la taille des familles sur plus d’un siècle. L’étude de l’évolution conjointe de la taille des familles et de la descendance finale améliore la compréhension des tendances de la fécondité, et plus particulièrement le poids de
l’évolution de chaque taille de famille dans l’évolution générale de la fécondité. Elle nuance ainsi les conclusions que l’on pourrait tirer de la lecture des simples moyennes (descendances finales) en montrant qu’à descendance finale égale, la distribution des parités peut être très variable, et encourage à toujours prendre en compte la composition des familles dans l’analyse de la fécondité. Cette recherche souligne également l’intérêt de la différenciation de la fécondité de l’ensemble des femmes, des femmes ayant été mariées et des femmes célibataires, notamment dans l’analyse de l’infécondité et des basses fécondités (1 enfant).
Une enquête auprès d’adolescents nés avec le VIH : le projet TEEWA en Thaïlande
Sophie Le Coeur, Éva Lelièvre, Cheeraya Kanabkaew, Wasna Sirirungsi
La Thaïlande a été l’un des pays d’Asie les plus durement touchés par l’épidémie de VIH/sida. Avant que ne soit mise en place la généralisation de la prévention de la transmission mère-enfant (à partir de 1999), un grand nombre d’enfants sont nés infectés par le VIH et atteignent maintenant l’âge de l’adolescence grâce aux traitements. Si quelques études qualitatives ont permis d’étudier la situation familiale et les conditions de vie de ces adolescents, pour la première fois le projet TEEWA (TEEns Living With ARV) propose une enquête quantitative nationale, effectuée entre 2010 et 2012, auprès de 10 % des adolescents de 12 à 19 ans infectés à la naissance et sous traitement antirétroviral. Elle permet de faire le point sur leur situation et de la comparer à celle d’adolescents en population générale. L’article présente le dispositif d’enquête original tenant compte des enjeux méthodologiques et éthiques particuliers à la situation d’enquête auprès d’une population doublement vulnérable, par son âge et son statut VIH.
Prix TTC : 20,00 €