A quel âge mouraient nos ancêtres ?
Population et Sociétés
n° 380, juin 2002
- La mortalité des adultes, une véritable hécatombe d’après les premières études
- Les erreurs des premières analyses
- Des femmes rajeunies, des nourrissons omis
- Quel régime démographique avant le XVIIe siècle
De nos jours, l’espérance de vie à la naissance atteint 79 ans en France, d’après les données de l’état civil. Pour l’Ancien Régime, la mortalité nous est connue grâce aux registres paroissiaux, dans lesquels les curés consignaient les baptêmes, les mariages et les sépultures. Ces registres sont apparus à la fin du XVe siècle, de façon sporadique, et ils se sont généralisés à partir d’une ordonnance royale de 1667. Les démographes qui ont entrepris il y a cinquante ans de les exploiter pour reconstituer la natalité et la mortalité ont établi que l’espérance de vie à la naissance était de l’ordre de 25 ans aux XVIIe et XVIIIe siècles en France. Cette mesure, qui indique l’âge moyen au décès, est souvent mal interprétée : ce n’est pas à 25 ans que la plupart des gens mouraient. Au moins un nourrisson sur quatre n’atteignait pas l’âge d’un an. Après la première année, la mortalité diminuait assez vite, mais à l’âge de 11 ans, la moitié des enfants avaient déjà disparu, bien avant d’atteindre l’âge adulte. Ceux qui avaient réussi à survivre jusqu’à l’âge de 20 ans avaient encore devant eux une espérance de vie d’environ 35 ans, soit davantage qu’à la naissance ; ils mouraient donc autour de 55 ans en moyenne (figure 1). Un adulte sur deux approchait la soixantaine et une fraction importante la dépassait. Même s’ils étaient peu nombreux, il y avait des vieillards, dont le rôle social était important.