L’avantage de mortalité des immigrés persiste-t-il au sein de la seconde génération ? L’exemple de la France.
Présenté par Michel Guillot (U.of Pennsylvania et INED); Discutante : Hannelore De Grande
Il existe une littérature abondante sur la sous-mortalité des immigrés dans leur pays d’accueil (migrant mortality advantage). A l’opposé, la mortalité des enfants nés dans le pays d’accueil de parents immigrés est mal connue, alors que ces secondes générations font l’objet d’un intérêt particulier. En effet, leur situation (y compris en matière de santé et de mortalité) reflète la capacité à long terme des pays d’accueil à intégrer les populations issues de l’immigration. Le but de cette étude est d’examiner pour la première fois en France les niveaux de mortalité à l’âge adulte des secondes générations originaires d’Europe du Sud et d’Afrique du Nord. Les données proviennent d’un échantillon représentatif tiré du recensement de 1999 (Enquête Etude de l’Histoire Familiale), à partir duquel un suivi de mortalité a été effectué jusqu’en 2010. Une surmortalité importante apparaît au sein de la seconde génération d’hommes originaires d’Afrique du Nord par rapport au reste de la population. L’écart reste significatif après prise en compte du niveau d’éducation et autres variables socio-économiques. Ces résultats mettent en lumière les désavantages spécifiques en France de la seconde génération d’hommes originaires d’Afrique du Nord.
Michel Guillot
Michel Guillot est professeur de sociologie à l’Université de Pennsylvanie et chercheur associé à l’Ined. Son travail s’organise autour de deux axes principaux. Le premier axe s’intéresse aux disparités en matière de mortalité et de santé, notamment dans les pays du Sud. Il a mené des recherches sur les disparités entre les riches et les pauvres au niveau mondial, et sur les disparités entre hindous et musulmans en Inde. Il a également dirigé un projet international sur la mortalité dans les anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale, dans le but d’analyser la crise sanitaire des pays de l’ex-URSS dans toute sa diversité. Le deuxième axe porte sur la mesure de la mortalité et de la santé et s’inscrit dans le domaine de la démographie formelle. Ses contributions dans ce domaine ont débouché sur des avancées dans le domaine de la mesure de la longévité et des progrès sanitaires, des effets de calendrier en mortalité, des modèles de mortalité par âge, et des méthodes d’estimation indirecte de la mortalité et de la santé dans le cadre de situations de « statistiques imparfaites ». Il est membre d’un groupe de travail aux Nations Unies sur la suivi de la mortalité des enfants au niveau global. Depuis 2015, il dirige un projet sur la mortalité des immigrés en France, en collaboration avec Myriam Khlat à l’Ined.